QVT, késako ?

Dialogue entre deux militants:  » On vient de stopper la négo sur la QVT. Le taulier l’avait commencée avec les DS mais, maintenant, il attend les élections à venir du CSE. – Ne te plains pas. Le mien s’en fout des RPS. De toute façon un accord QVT, nous, on n’en veut pas! – Pourtant l’ANACT* le conseille !  »

Bienvenue dans le monde merveilleux des acronymes! Il est devenu fréquent d’employer « QVT » pour parler de la qualité de vie au travail. Une manière d’ajouter du flou à une expression qui n’en manque pas.

L’ouverture de négociations sur « la qualité de vie au travail » fut une réponse aux risques psychosociaux (RPS), l’expression évoquant pudiquement la souffrance au travail. L’émotion qu’ont provoquée les suicides au travail nécessitait une réaction. Il est compréhensible que des élus du personnel se soient saisis de «la qualité de vie au travail » pour tenter de prendre en charge la détresse des travailleurs.

Il n’est pas dans la nature de cette rubrique que de se prononcer sur le bienfondé de cette démarche. Contentons-nous d’interroger l’expression. L’insertion du terme «vie » entre «qualité» et «travail» ne proscrit-il pas habilement la question de l’organisation du travail, de son sens, du potentiel pouvoir d’agir des travailleurs pour ne rester que sur la iotion d’environnement? Allons-nous gérer le risque, apprendre à vivre avec, ou bien l’éviter comme l’imposent les principes de prévention ?

Nous avons eu l’occasion, dans une précédente rubrique (NVO de novembre 2016), d’évoquer la notion de  » qualité du travail « , soulignant que «progressivement, le mot qualité, s’éloignant toujours plus du travail bienfait, finit par signifier uniquement le respect total de la prescription ». Or il ne peut pas y avoir de réelle santé au travail sans que chacun puisse donner sens à ce qu’il fait et le mettre en débat avec les autres. Il n’est pas impossible qu’un accord sur la qualité de vie au travail aborde cela. Dans la « littérature » sur la QVT, rares sont les évocations de la santé des salariés, au profit de celle du marché et de l’entreprise.

Une fois n’est pas coutume, volons au secours des patrons en les libérant de cette  » lourde charge  » : plutôt que de s’occuper de la vie au travail, proposons-leur de se centrer sur ce à quoi la loi les oblige en termes de réponse  » aux besoins intellectuels et psychologiques des salariés dans l’exercice de leur travail  » (Accord national interprofessionnel du 17 mars 1975, article 4). Pour ce qui est de la qualité de vie des salariés dans et hors de l’entreprise, écoutons la curiosité et l’intelligence de chacun et développons avec elles et eux les possibilités d’y contribuer. Les activités sociales et culturelles des comités sociaux et économiques peuvent en fournir l’espace.

* Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail.
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