Les 22 et 29 juin 2018, lors des épreuves d’examen du Baccalauréat (mathématiques) et du DNB (SVT), des élèves du lycée Diwan de Carhaix (29) et des collèges de Diwan Plésidy (22) et Vannes (56) ont composé en langue bretonne et non en langue française. Nous rappelons qu’au fil des années, ces élèves ont suivi toute leur scolarité en langue régionale et ont été évalué.es dans cette même langue. Au-delà de toute polémique, il semble logique qu’ils puissent composer également leurs examens finaux dans celle-ci. De plus, plusieurs disciplines sont officiellement enseignées en langue régionale en France, l’Education Nationale a donc à sa disposition des correcteurs à même de corriger des copies d’examen en langue régionale.
Pourtant, les copies des élèves en question ont été traitées de manière plus que légère et inégalitaire puisque : pour une part elles ont été corrigées par des enseignant·es non bretonnant·es, pour une autre simplement et radicalement exclues des corrections.
La CGT s’interroge donc ici sur le respect de l’égalité de traitement entre les élèves étudiant les langues régionales de la République et rappelle que la possibilité de composer en langue basque lors des examens existe déjà pour les élèves de l’Académie de Bordeaux dans un certain nombre de matières. Le basque est aujourd’hui parlé par 50 000 locuteurs. Pourquoi la langue bretonne est-elle moins considérée ? La charte des langues minoritaires que la France a signé au niveau européen (mais pour le moment refusé de ratifier) doit guider nos futures réflexions dans ce domaine.
Les services du Rectorat de Rennes connaissent l’histoire du traitement inique de la langue et de la culture bretonnes par la République française aux XIXe et XXe siècles. Si actuellement des moyens sont attribués chaque année pour l’apprentissage de cette langue force est de constater qu’ils sont toujours largement insuffisants et bien dérisoires au regard du passé puisque que les locuteurs bretonnants sont passés de près d’1.5 million en 1930 à 172 000 en 2009. L’UNESCO l’a d’ailleurs classée dans la catégorie des langues « sérieusement en danger ».
Ce contexte est à garder à l’esprit pour comprendre le geste épidermique des jeunes élèves de Diwan. La CGT fait observer que le mode d’action utilisé est de nature pacifique et n’affecte en fin de compte que les jeunes eux-mêmes. Ainsi que précédemment évoqué lors de l’audience du 28 juin 2018, elle espère que leur avenir n’en sera pas compromis. Dans l’attente que la situation se règle à la prochaine session et se régularise pour le public (Div Yezh) et le privé sous contrat (Dihun et Diwan), félicitations aux bacheliers qui malgré tout ça ont qd même obtenu leur diplôme.
Il ne doit plus être question de stigmatiser ou exclure les locuteurs de langue bretonne au risque de donner des arguments aux franges identitaires situées à l’extrême droite du mouvement breton.
Il est à déplorer que des solutions n’aient pas été construites et mises en œuvre en amont bien avant les épreuves 2018 et qu’il faille de tels incidents pour braquer la lumière sur la situation difficile de l’enseignement des langues régionales en France. En ce début de XXIe siècle, et en lien avec les autres langues régionales, il est essentiel de permettre l’apprentissage de la langue bretonne dans le respect du cadre national des examens et dans de bonnes conditions. Nous revendiquons donc l’extension du nombre de postes de professeurs Education nationale pour l’ensemble des disciplines et notamment pour enseigner en langue régionale.
Les représentants CGT de Diwan reçus en audience ce 16 juillet seront attentifs aux propositions de Mme le Recteur.