Voie Pro 2018-2019 : notes de lecture des grilles horaires

Pour la CGT Educ’Action les objectifs de la voie pro sont doubles :

  • insertion professionnelle qualifiante car liée à l’obtention d’un diplôme (fonction sociale du diplôme)
  • poursuite d’études avec une visée émancipatrice.

Or force est de constater que le projet de réforme Blanquer ne répond à aucun de ces objectifs :

« Le lycée professionnel est celui qui coûte le plus cher, a le plus d’heures de cours et ce n’est pas synonyme de réussite. J’assume qu’il peut y avoir moins d’heures (de cours) mais mieux d’heures. Je sais que les professeurs de LP sont d’accord » JM Blanquer

Baisse drastique du volume des heures élèves : entre 200 et 100h en CAP, 380 et 296 en BAC PRO.

Comment avec moins d’heures dispensées aux élèves peut-on nous faire croire que les contenus de formation donnés aux élèves seront suffisants pour atteindre ces objectifs ?

Les heures profs

Baisse du volume des heures profs en BAC pro (entre – 252 pour la grille « production » et -168 pour la grille « service »).

Par contre augmentation en CAP entre + 194,5 pour les PFMP 12 semaines et +272 pour les PFMP 14 semaines.

Cette baisse moindre des heures profs / aux heures élèves en bac pro et cette augmentation en CAP sont liées à l’apparition de nouveaux dispositifs (chef d’œuvre et co intervention) qui masquent l’attaque contre les heures proprement disciplinaires aussi bien en enseignement professionnel qu’en enseignement général.

• En CAP :

Le chef d’œuvre : 165h pour le professionnel et 165 pour l’enseignement général (« b » de la grille CAP) car caractère pluridisciplinaire mais les heures ne sont pas attribuées par disciplines. Elles feront donc l’objet d’une distribution qui sera différente en fonction des établissements et surtout en fonction du projet adopté (variable d’ajustement, concurrence entre les disciplines et les collègues).
➢ La co-intervention : 165h en enseignement pro et 82,5 pour les lettres et 82,5 h pour les maths (« a » de la grille : 1 heure élève= 2h profs). La moitié du face à face pédagogique pour ces deux matières se fera donc en co-intervention. Pour le moment aucune indication sur les contenus qui devront être dispensés dans ces volumes horaires : des compétences transversales ?
➢ L’AP : augmentation spectaculaire des heures d’AP (passe de 30 heures d’aides individualisée à 192,5 heures d’AP, le « d »de la grille). Il est précisé la « possibilité de dédoublements en cas de besoins ». La possibilité donnée aux élèves de faire un cap en un, deux ou trois ans et cela dans les mêmes classes conjuguée à cette explosion de l’AP permettra l’individualisation des parcours et donc la remise en cause du groupe classe même si le ministère assure que des heures complémentaires seront données pour les CAP 3ans. Là encore variable d’ajustement et concurrence entre les disciplines et les collègues.

• En BAC PRO :

➢ Le chef d’œuvre (première et terminale) : 108h pour le professionnel caractère pluridisciplinaire affirmé mais pas d’heures attribuées à l’enseignement général car pas de dédoublements prévus comme en CAP. Les heures « chef d’œuvre » n’existent pas en seconde. Utilisation des volumes complémentaires pour abonder cette pluridisciplinarité ?
➢ La co-intervention 128h en enseignement pro (12% de l’enseignement pro) et 71h (21%) pour les lettres et 57 h (18%) pour les maths (« a » de la grille : 1 heure élève= 2h profs).
Pour le moment aucune indication sur les contenus qui devront être dispensés dans ces volumes horaires : des compétences transversales ? En CPC, l’IGEN a parlé de « séquences clés en main » à chercher sur une plateforme ?. A terme ne peut-on craindre que le 1 élève=2h profs se transforme en 1h élève=1h prof ? Vision utilitariste de l’enseignement général.
➢ L’AP : augmentation importantes des heures d’AP (+55h). Il est précisé qu’en seconde ces heures seront dédiées à la consolidation des acquis des élèves en fonction de leurs besoins à l’issue d’un test de positionnement réalisé en début de seconde (formule plus vague pour ne pas sacraliser le test qui a eu lieu ce début d’année et qui est critiqué). En terminale : les modules « insertion professionnelle » (préparation à l’emploi : recherche, CV, entretiens etc.) ou « poursuite d’études » (renforcement méthodologique etc.). Là encore variable d’ajustement et concurrence entre les disciplines et les collègues. Le ministère n’a pas
clairement accepté que le « ou » soit inclusif et donc que les élèves aient à la fois le module « insertion » et celui de « poursuite d’études ».

Attaque de destruction massive contre l’enseignement disciplinaire :  UTLITARISME

• En CAP 14 semaines de PFMP :

– 250h pour EP proprement disciplinaire
➢ – 302h pour EG proprement disciplinaire

-110h pour les lettres et les maths ; -27,5h pour LV1, -55h pour les arts appliqués (-50%)
• En BAC PRO (grille 1) :

➢ – 296h pour EP proprement disciplinaire
– 375h pour EG proprement disciplinaire

-113 pour les lettres, - 83 pour les maths, -13 pour LV1, -14h pour l’EPS, disparition de l’EGLS -152h (heures qui étaient réparties entre lettres, maths, langue, arts appliqués)

Les PFMP :

• En CAP : disparition des CAP 16 semaines de PFMP (ECMS, ATMFC, Coiffure…..)

• En BAC PRO : possibilité de modulation entre 18 et 22 semaines

• La modulation des PFMP ne doit pas permettre de moduler les heures de la DHG données par la DOS.

D’où le rajout dans l’article 3 des arrêtés de la précision que cette modulation n’a pas d’effet sur le nombre d’heures d’enseignement fixés à l’annexe et sur l’annexe 1 pour le CAP référence à 55 semaines avec PFMP de 14 semaines et 3 semaines d’examen, pour le bac pro référence à 84 semaines + 22 semaines de PFMP et 2 semaines d’examen sur le cycle.

Des Options :

• Des enseignements facultatifs peuvent être donnés aux élèves. Mais il n’y aura pas comme en lycée général une liste des options possibles et pour l’heure on ne connait pas le volume horaire qui sera
accordé.

Le ministère travaille sur une note de service ou circulaire (aucune contrainte règlementaire) pour accompagner les arrêtés. Cette NDS devrait préciser les conditions de mise en œuvre des nouvelles grilles en insistant pour les enseignements généraux, d’attribution des volumes complémentaires notamment avec le coefficient 13,5 sensé augmenter les possibilités d’heures en effectifs réduits pour toutes les matières y compris l’enseignement général.
Elle donnera aussi des précisions sur certains éléments encore flous comme les sections isolées, par exemple.

En ce qui concerne la co-intervention, le ministère prévoit en accompagnement des enseignants dans sa mise en œuvre, la possibilité d’organiser la concertation entre les équipes ou en académie, les 15 premiers jours de l’année scolaire en lieu et place des heures pour les élèves.

Enfin, le volume complémentaire (article 6 de l’arrêté Bac pro) doit être discuté et voté au conseil d’administration (Enseignement public quid pour l’Enseignement privé ?)
Cela semblait une évidence pour l’administration qui se réfère à l’article D-421-20 du Code de l’Éducation qui fixe les attributions du CA. Mais cela n’est pas une évidence et il sera utile de le rappeler dans les instances y compris CE et CSE.

Analyse de la Réforme de la Voie Pro en version pdf
Imprimer cet article Télécharger cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.