Le Directeur Diocésain de Loire Atlantique (2ème plus gros département pour l’enseignement catholique en France, tout de même), s’est fait prendre la main dans le sac.
Ou plutôt le nez dans le pot. Il est mis en examen pour « détention, offre, cession et acquisition de produits stupéfiants ».
Licencié par l’enseignement catholique de Loire Atlantique « pour raisons professionnelles », le directeur diocésain aurait consommé différentes drogues, dont de la cocaïne, lors de soirées festives.
Et bien à la CGT Enseignement privé… on le comprend ce directeur diocésain !
Loin de nous l’idée d’approuver l’usage de stupéfiants pour les cadres de l’enseignement catholiques, censés prêcher la bonne parole. En revanche, que la charge de travail et les missions confiées puissent pousser à bout, ce n’est pas surprenant. En effet :
- comment un directeur diocésain peut-il assumer de laisser de nombreuses équipes pédagogiques démunies face au manque de moyens dans les établissements ?
- comment peut-il se satisfaire du recrutement de plus de 20% de maîtres délégué·es, précaires, rémunéré·es à peine plus de 1200 euros par mois ?
- comment accepter que des milliers d’AVS, indispensables à l’encadrement des élèves en difficulté, gagnent moins de 700 euros par mois et soient remercié·es au bout de 3 ans ?
- comment sillonner les routes de son département pour vouloir « réenchanter l’école », quand dans le même temps les réformes de Lycée, du Lycée Pro, l’Ecole du socle ou des choix budgétaires du gouvernement démolissent pièce par pièce les fondements de notre « maison commune » ?
- comment s’impliquer dans « l’école de la confiance » alors que les personnels sont systématiquement en manque de reconnaissance dans leur travail ?
- comment continuer à maintenir une chape de plomb sur les questions qui dérangent, sur les dysfonctionnements au sein de certains établissements, empêcher la transparence sur le mouvement de l’emploi, sur la validation de l’accord collégial, sur les dotations horaire ou sur les missions particulières ?
- Comment accepter que le niveau de la formation proposée pour les jeunes collègues ou en formation continue ne soit bien souvent pas à la hauteur des attentes, et que le remboursement de la participation des stagiaires soit inexistante ou ridiculement faible ?
La liste est longue. Elle est loin d’être exhaustive.
Dans ces conditions, pas surprenant que certains directeurs diocésain puissent craquer et s’en remettre aux substances chimiques pour surmonter ces épreuves.
Il n’est pas de meilleur remède que celui en lequel on croit. En l’occurrence, ce Directeur Diocésain suivra sans doute les conseils de l’église en pareille situation, à savoir consulter le prêtre exorciste de son diocèse afin d’accéder à « un état spirituel de liberté, grâce à la libération donnée par Jésus ».
Dans les situations les plus complexes, ce qui semble être le cas dans cette affaire, les membres du Service de l’exorcisme du diocèse sont amenés (nous apprend Ouest-France – Février 2018) à mettre en place des « cheminements d’exorcisme » qui peuvent durer plusieurs mois. « C’est le cas quand il y a eu pacte satanique ou une compromission grave avec le démon, un maléfice de magie noire… »
Bien sûr, les résultats ne sont pas garantis, et on ne saurait trop conseiller à son successeur de plutôt entendre les revendications de la CGT afin d’entamer un véritable dialogue sur les conditions de travail et les moyens offerts à chaque acteur de l’éducation.
On peut toujours croire que le salut vient de l’Éternel, mais pour nous, quand le malin s’insinue, on préfère le réel et le dialogue aux paradis, qu’ils soient artificiels ou fantasmés.
Le Trait d'Union de Mars 2019