Finie, l’époque barbare où les entreprises se restructuraient à coups de plans sociaux. Maintenant elles se transforment.
Terminé, l’ancien monde où les gouvernements s’échinaient à engager des réformes dans un pays peuplé de Gaulois réfractaires au changement. Place aujourd’hui à la transformation. Le mot s’est répandu comme une traînée de poudre.
Toutes les entreprises parlent de leur transformation. Les ministres français servent la transformation à toutes les sauces, pour mieux plaire au chef de l’État puisque ce dernier lui voue un véritable culte.
La transformation est affichée comme une renaissance qui bouscule les anciennes conceptions.
Elle se présente comme l’envie d’aller de l’avant, la passion de faire bouger les choses et les gens. Elle se veut dynamique, moderne, conquérante. En apparence, elle est séduisante.
Mais qu’en est-il vraiment ?
Quand on gratte un peu le vernis, il ne faut pas être devin pour se rendre compte que l’objectif est toujours le même : réduire les coûts et les effectifs, histoire d’améliorer le budget de l’État et de remplir les poches des actionnaires des entreprises privées.
Mais avec un nouvel habillage sur l’association des salariés et des usage, p; aux décisions, un beau leurre au vu des pratiques de passage en force. Les mots ont leur sens, et comme le disait Albert Camus « mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde ». Aujourd’hui, il est fondamental de dégager l’horizon en clarifiant les concepts. La transformation suppose de l’ouverture, de la diversité, de l’écoute, des alliances, de l’intégrité. Pour se transformer, il ne suffit pas d’avoir l’intelligence du pouvoir, il faut pouvoir interagir et s’engager.
C’est précisément ce que la CGT dit lorsqu’elle revendique la transformation du travail, c’est-à-dire fonder l’action syndicale sur le vécu quotidien du travail, sur les conditions du travail, son organisation et sa finalité.
Il est indispensable de s’appuyer sur les réalités des salariés selon les lieux de travail, le métier, l’âge, le sexe, le statut, ou encore, selon la manière dont le travail s’inscrit dans la vie personnelle et familiale, mais aussi la vie publique.
L’intervention des salariés sur le travail peut alors être un levier puissant d’évolution du rapport de force. Alors, chiche, on la fait cette transformation?