En annonçant, le lundi 13 avril, la réouverture « progressive » des écoles et des établissements scolaires à partir du 11 mai, le Président de la République a affiché ses objectifs : « permettre au plus grand nombre de retourner travailler, redémarrer notre industrie, nos commerces et nos services ».
Bref, l’école pour garder les enfants des travailleurs·euses… et libérer les parents des contraintes de garde de leurs progénitures, comme le souhaite le patronat. Il faut relancer d’urgence la machine économique, au moment où la récession s’engage et où les Bourses chutent.
Leurs profits passent avant nos vies …
Concrètement, il est difficile de croire que le 11 mai, nous aurons tout le matériel nécessaire pour protéger les élèves et les personnels (enseignant·es et non enseignant·es) . Et quel personnel pour assurer un nettoyage convenable des locaux plusieurs fois par jour ? Dans ces conditions, comment accepter une reprise qui pourrait être une poudrière virale?
Dans son allocution, E. Macron annonce aussi que le gouvernement va « aménager des règles particulières : organiser différemment le temps et l’espace », ce que confirme JM Blanquer ce mardi 14 avril sur France 2.
On n’en connait pas les pistes à cette heure, mais on peut les imaginer : temps de travail rallongé sur la semaine pour étaler la présence des élèves, poursuite du travail à distance pour faire des rotations d’effectifs avec moins d’élèves par classe, etc.
Quant au discours sur l’injustice scolaire du confinement, c’est vraiment de l’hypocrisie, après les fanfaronnades du ministre prétendant qu’il y a une « continuité pédagogique » et les circulaires exigeant qu’on avance dans nos programmes : à ce moment-là, l’injustice sociale n’était pas le sujet . . . Stigmatisation supplémentaire ? Les élèves les plus en difficulté pourraient reprendre les premiers. Sur quels critères objectifs seront-ils·elles désigné·es? Encore un bel effet de communication, en décalage avec la réalité du terrain.
Ensuite, le plus dur sera d’organiser des résistances si les conditions de sécurité sanitaires ne sont pas réunies … Le port du masque sera-t-il obligatoire pour les élèves et les personnels ?
Comment imaginer que l’Éducation Nationale sera en capacité d’avoir des stocks suffisants de matériel et de protection, ainsi que de tests pour garantir la santé de tou·tes alors même que les besoins actuels ne sont ni garantis ni couverts dans les centres hospitaliers, les EHPAD et pour toutes les professions travaillant actuellement ?
Une reprise acceptable ne peut pas s’imaginer sans garanties fortes concernant les conditions de sécurité sanitaires : tests généralisés (virus et immunité) pour les élèves et les adultes, des masques, du savon, du gel hydroalcoolique, des effectifs réduits permettant d’assurer la distanciation entre chaque individu, … Et quid de l’exposition des personnels les plus vulnérables, présentant des risques élevés pour la santé ?
Si des garanties ne sont pas apportées, la CGT Enseignement Privé s’opposera à toute reprise prématurée et considérera alors que les personnels seront fondés à s’organiser collectivement et à appliquer leur droit de retrait.
CGT Enseignement-privé le 14 avril 2020
CGT-EP - Sortie du confinement : pas de reprise sans garantie ! en version pdf CGT Conf' - Déconfinement le 11 mai : pas de protection, pas de travail ! Communiqué de presse du 15 avril en pdf