La présence d’élèves à besoins éducatifs spécifiques est devenue le lot commun de nos classes.
Et l’idée de l’école inclusive, si elle n’est pas à rejeter, doit impérativement s’accompagner de moyens qui permettent de réaliser dans de bonnes conditions ce travail qui, s’il ne constitue plus désormais une nouveauté, vient, quand même, modifier le cœur de notre métier. Or il n’en est rien ; ceux qui président aux grandes orientations de l’école ne cessent de dégrader les conditions de l’exercice de notre métier, par exemple, en augmentant les seuils de dédoublement des classes. Nous sommes, ainsi, soumis.es à une injonction paradoxale : celle de l’individualisation de nos pratiques face à un public toujours plus nombreux et plus divers au sein de nos classes.
Ces mêmes chantres de l’éducatif se plaisent à dire qu’ils accompagnent ce processus de l’école inclusive par l’arrivée d’assistant.es de vie scolaire qui suivent individuellement les besoins spécifiques de chaque enfant. Mais, là encore, le compte n’y est pas, car cet accompagnement n’est pas prévu sur la totalité du volume horaire de l’élève, ce qui contraint les équipes à réaliser des choix qui sont dictés par la pénurie de moyens mis en œuvre…
Sans obérer que la formation de ce personnel d’accompagnement se fait sur le tas, et qu’il n’existe pas véritablement de formation pour ce personnel précarisé qui, pourtant, ne cesse de croître au sein de nos établissements, sans oublier la question de la rémunération de ces agent.es.
Enfin, pas tout à fait puisque, dans l’enseignement agricole privé, ce personnel est quasiment inexistant.
Ce qui revient à dire que nous sommes confronté.es à des situations ubuesques au sein desquelles assurer un cours devient une gageure. Pour exemple, dans une classe de 4ème de 22 élèves, ce sont 17 élèves qui sont identifiés, pour ne pas dire stigmatisés comme ayant un accompagnement divers et varié, et dont les multiples acronymes n’ont pour corollaire que la triste réalité de la vacuité des réponses apportées.
Pouvons-nous continuer ainsi à vendre du rêve aux parents qui pensent, parce qu’ils ont placé leurs enfants, c’est-à-dire nos élèves, dans un établissement privé et payant, qu’ils seront mieux accompagnés, alors qu’aucun personnel d’accompagnement éducatif n’est présent dans cette classe ?
Voilà ce qu’il en est de la situation endogène à de nombreux établissements scolaires privés.
Mais, nos grands décideurs en sont arrivés à rêver l’école inclusive car d’autres structures souffrent, elles aussi : les établissements éducatifs spécialisés étant confrontés à une diminution drastique de leurs moyens. Et cela à tel point que des enseignant.es qui travaillaient au sein de ces établissements ne savent pas toujours à quelle « sauce » ils vont être mangé.es. Eux qui travaillaient avec des éducateurs, des infirmiers, des psychologues… Bref, quelle aubaine budgétaire pour l’Etat qui vise à faire des économies, une fois de plus, par un tout de passe-passe des plus déplorables. C’est cela aussi qui se cache derrière l’idée de l’école inclusive et, bien évidemment, que l’on masque aux parents et, in fine, à l’électeur.
Votre enfant sera scolarisé dans une école « normale » ? ! Peut-on parler d’une école normale lorsque plus de la moitié des élèves sont identifiés comme ayant – pour reprendre la terminologie puritaine de l’Education Nationale – des besoins particuliers et, rappelons-le, avec un accompagnement spécifique dévoyé, lorsqu’il existe.[…suite en version imprimable ]
Nous demandons à connaître le taux d’élèves à besoins particuliers, dans les établissements privés sous contrat, en relation à son taux de couverture de personnel accompagnant…
Les résultats des tests Pisa ne cessent de souligner le recul de la France à l’échelle mondiale (hormis pour les grandes écoles). Ce constat fait, il convient de reprendre les propos d’un éminent gauchiste américain qui, en son temps, fut président des Etats Unis d’Amérique. :
« Si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez donc l’ignorance. »
Abraham Lincoln