VISUELS à imprimer (A2 en pdf) 10/2022 : Lettre de l'intersyndicale à Pap Ndiaye 06/10/2022 : Communiqué confédéral 23/09/2022 : Communiqué de l'intersyndicale public-privé Sept 2022: L'apprentissage, une voie dangereuse (Dossier CGT Educ n°5)
Appel d’une très large intersyndicale à une journée de grève le 18 octobre : Refusons la destruction de la voie professionnelle !
La voie pro encore dans le viseur de Macron
Alors que les besoins sociaux et l’urgence climatique nécessiteraient un effort considérable d’élévation des qualifications des jeunes, il ne s’agit, pour le gouvernement, que d’adapter, par les « compétences », la main-d’œuvre aux seules exigences des employeurs. Les dernières déclarations de Macron qui visent à démanteler la voie professionnelle sous statut scolaire, reprennent, à l’envie, cette doxa libérale de l’entreprise qui formerait mieux que la voie scolaire et qui par conséquent insérerait mieux..
Lire l’intégralité des informations et des analyses de la CGT Educ
Il faudrait « ré-arrimer très en profondeur et en amont le lycée professionnel avec le monde du travail », c’est ainsi que présente Macron les enjeux de la réforme.
Ré-arrimer le lycée professionnel ?! ce bateau qui prend l’eau suite aux nombreuses réformes et à sa destruction minutieuse par les gouvernements successifs.
Le ré-arrimer à un monde du travail ?! autant dire aux volontés du patronat d’avoir une main d’œuvre toujours plus docile et corvéable. Un niveau de formation en baisse c’est en effet – aussi – moins d’outils pour critiquer et évoluer dans la vie professionnelle.
Cela pose la question de ce que nous faisons dans nos classes, dans nos ateliers et du sens même de nos métiers !
Au cœur de la nouvelle réforme du lycée professionnel, détruire le cadre des formations.
Actuellement, un·e élève en électricité a la même formation qu’il soit à Brest ou à Toulouse. Avec la réforme, cela ne sera plus le cas.
Derrière ce mensonge sur la « liberté pédagogique », c’est en réalité se calquer strictement sur les besoins des entreprises locales.
Le nombre d’heures par matière sera fonction de ce qui serait jugé « nécessaire » dans le « bassin d’emploi ». Les besoins des lycéens et enseignants ne seront pas centraux , ceux des entreprises et des rectorats, si.
Pour les lycéen·nes, ce sera moins de contenu disciplinaire et donc une difficulté plus importante pour s’insérer sur le marché du travail ou pour poursuivre dans l’enseignement supérieur.
La formation n’aura pas pour but de former un·e élève sur l’ensemble d’un champ professionnel mais juste aux exigences d’une entreprise. Un·e élève ne se forme pas à changer des roues chez Speedy mais à être capable de réparer une panne pour tous les modèles. Les salarié·es seront contraint·es de se former par l’intermédiaire de structures privées dans le reste de leur vie professionnelle comme prévu dans la loi sur la formation professionnelle…
De plus, il y aura des différences importantes en fonction des financements des établissements.
On nous demandera de délivrer des compétences voulues par les entreprises du bassin et pas plus.
Nous ne serons plus des enseignant·es, dont le but est de délivrer des connaissances pour nos élèves.
« il faut regarder formation par formation (…) et donc fermer certaines formations et en ouvrir d’autres ».
Une déclaration assez claire, l’objectif est de fermer certaines filières comme la Gestion Administration, celle qui est la plus souvent mise en avant.
Ce sera aussi la fermeture de filières qui ne correspondent pas au bassin d’emploi local. Dans un secteur industriel, les formations de services seront menacées ; dans d’autres cas ce sera l’inverse.
Pour les collègues, cela se traduira par des mutations forcées, pour les élèves une impossibilité de choisir réellement une formation qui leur plaise.
Leur seul choix sera dictée par l’employabilité à court terme, au bon vouloir des institutions. L’objectif n’est donc plus de former des jeunes mais de répondre aux besoins directs des entreprises et non aux enjeux de former une jeunesse capable de réfléchir et d’évoluer dans le monde d’aujourd’hui.
Des nouvelles formations ?
Il est nécessaire de faire évoluer la carte des formations notamment pour favoriser la diversité des parcours et s’adapter à l’évolution de la société, aux enjeux écologiques… Mais le gouvernement va se contenter de fusionner des filières existantes et/ou parsemer de quelques paillettes les formations existantes.
« Les temps de stage d’au moins 50% »
50% de temps de stage, c’est au moins 13 semaines de stage. Cette annonce s’accompagne d’un soi disant paiement de cette période à un montant totalement dérisoire pour les élèves, un cadeau de plus pour les entreprises. D’autant que cette « gratification » sera financé par l’État !
C’est aussi penser que la formation en entreprise est équivalente à celle dans les ateliers de l’établissement. Une insulte pour les enseignant·es, une volonté claire de dire qu’on ne sert à rien. Penser qu’une entreprise pourra former des jeunes à toute une série de métiers c’est se leurrer. Elle les formera uniquement sur sa spécialité, sur son fonctionnement et c’est tout. On sait qu’une telle formation ne permettra pas à nos élèves de s’adapter aux différentes entreprises. On le sait d’autant mieux que nos voisins allemands en ont fait l’expérience : après avoir prôné durant des décennies le « tout apprentissage » ils reviennent à la formation initiale. La formation par les entreprises est trop spécialisée pour permettre aux salarié·es de correctement évoluer hors de celles-ci.
La réforme à venir va supprimer au moins 5 semaines de formation au lycée. A terme, ce sont des jeunes moins formés pour leur futur métier mais aussi moins capables de réfléchir sur le monde qui les entoure. Donc, la continuité dans l’enseignement supérieur sera encore plus complexe pour les lycéens professionnels. Comment peut-on pleurer sur la baisse du niveau et dans le même temps réduire le temps de formation pour les élèves les plus fragiles ?
C’est aussi poser la question de la société que nous voulons.
La réforme de 2018 a déjà vu un profond bouleversement du lycée professionnel.
La mise en place de la co-intervention, du chef d’œuvre ont diminué le temps de formation réel de nos élèves. La diminution des heures de cours en matières professionnelles et en matières générales a aussi diminué les connaissances acquises par les élèves. À cela s’ajoute en plus la mise en place, quasi-généralisée, de la famille des métiers en classe de seconde, ce qui a, encore une fois, diminué le niveau de formation délivrée par l’éducation nationale.
L’objectif est toujours le même, faire des économies, diminuer le niveau de formation et donc précariser encore plus nos lycéen·nes, les futurs salarié·es.
Pour les collègues c’est une perte de sens de leur métier.
- L’intérêt de la co-intervention ou du chef d’œuvre (PPCP d’aujourd’hui) est loin d’être démontrée…
- À cela s’ajoute aussi une refonte des programmes qui a vidé le contenu des matières comme en français, histoire-géographie ; baissant le niveau de connaissances acquises par les élèves en lien avec la diminution du nombre d’heures de cours.
Finalement le BAC pro 3 ans et le CAP 2 ans ont vu leur temps de formation diminuer, baissant ainsi la qualification acquise par nos élèves et donc leurs capacités de se défendre et de s’en sortir sur le marché du travail.
Alors…on fait quoi ?
Face à cette situation, il est nécessaire de discuter avec l’ensemble des collègues sur cette réforme et ses conséquences.
Le gouvernement est déterminé, il faut l’être tout autant voire plus. Ils veulent détruire notre métier, notre quotidien, notre lycée professionnel… Il faut donc une réponse à la hauteur.
Le LP doit devenir une voie réellement utile pour les jeunes et l’ensemble de la société.