Valeur vient du latin valor, dérivé de valere qui signifie valoir. Lorsque le mot entre dans le monde de l’entreprise dans les années 1980, il est question de finances ou de gestion des profits.
Dans les années 2000 apparaît une nouvelle notion, le management par les valeurs. Elle prétend rendre du pouvoir d’agir aux salariés en promouvant une entreprise gérée par des valeurs plutôt que par des règles.
Le concept de valeur a essaimé jusqu’à installer une nouvelle religion d’entreprise, avec ses textes sacrés (les chartes), sa liturgie (la responsabilité sociétale des entreprises), ses grands prêtres (les cadres dirigeants), ses grands-messes (les réunions professionnelles obligatoires).
S’installent alors une communication stéréotypée et une parole abondante, souvent très loin de la réalité du travail. Même l’évaluation professionnelle – après les résultats, puis les comportements – peut désormais mesurer l’adhésion aux valeurs.
Mais de quelles valeurs parlons-nous ? Peuvent-elles être les mêmes selon que le travail sert à répondre aux besoins des travailleurs, à ceux des usagers ou encore à ceux des actionnaires ?
Les valeurs constituent d’abord une notion individuelle. Elles nous ramènent à nos croyances, à nos peurs et à nos espoirs, à nos convictions, à notre éthique personnelle.
Le conflit de valeurs constitue l’un des six axes des facteurs de risques psychosociaux. Les valeurs sont liées à la conception que l’on a de son travail. Voilà la raison pour laquelle beaucoup d’entreprises préfèrent ignorer les conflits de valeurs plutôt que de les affronter.
Si l’on veut transformer les valeurs en terreau commun, la simple communication ne suffit pas. Il n’y a pas de valeurs sans discussion. C’est dans la confrontation avec les collègues que les valeurs de chacun peuvent trouver un prolongement collectif.
Et les valeurs doivent s’ancrer dans le vécu ou le ressenti des travailleurs. Pour cela, il faut (re) connecter les valeurs au travail réel.
Et si, pour commencer, nous reconnaissions la valeur du travail ?
Au-delà, si nous osions inverser la démarche traditionnelle ? Plutôt que de projeter les valeurs portées par les dirigeants, identifions et questionnons les valeurs mises enjeu dans les activités et les situations de travail.
Mais peut-on se poser la question des valeurs sans poser celle de la finalité de son travail ?