AGRI : Communiqué Convention collective

                     Lettre ouverte aux chefs d’établissements CNEAP et UNREP

                                        Conduite de négociations en référence à l’Evangile ?[1]
La future-ex-convention collective des agents de droit privé sera très prochainement réduite à l’état d’avorton.
La CGT a été évincée des négociations alors qu’elle était signataire de la convention collective et des accords associés. L’entre-soi sagement orchestré par une soi-disant commission mixte paritaire, la gestion déplorable et le jusqu’auboutisme de vos organisations patronales ne furent que la chronique d’une mort annoncée, après pourtant deux délais de survie.
Pour citer le Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise[2], « Le bien commun (…), il n’est possible qu’ensemble de l’atteindre, de l’accroître et de le conserver, notamment en vue de l’avenir. »
Arcboutés sur leur non-volonté de négocier, vos représentants n’ont même pas su saisir la proposition de la Direction Générale du Travail permettant de sortir de l’impasse actuelle de la représentativité et de la fragilité juridique d’hypothétiques textes de branche à venir.
Dans l’urgence, les établissements privés agricoles se voient, ainsi, contraints de négocier des accords d’entreprises indispensables à la préparation de rentrée à venir, accords qui vont engendrer des inégalités flagrantes sur le territoire.
Cette situation n’honore d’aucune manière l’enseignement privé – en particulier catholique – qui se revendique vertueux mais qui dans les faits préfère faire la charité à l’ensemble de ses salariés plutôt que de mettre en œuvre un principe de solidarité envers ceux qui assument des missions ingrates, peu visibles et toujours plus difficiles. Et ce n’est pas la revalorisation de 4% (au CNEAP, l’UNREP attendant on ne sait quoi…) qui vous permettra de vous disculper. Cette augmentation ne compense même pas l’inflation de cette dernière année et est bien loin de la perte de pouvoir d’achat cumulée depuis la dénonciation. Que dire aussi des temps de travail à venir des différents salariés – toujours à la hausse – et des modulations à la carte qui ne manqueront pas d’apparaitre. Le clientélisme a de beaux jours devant lui !
Pour rappel, en référence, toujours, au Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise :« La rémunération est l’instrument le plus important pour réaliser la justice dans les rapports de travail. (…) celui qui le refuse ou qui ne le donne pas en temps voulu et en une juste proportion par rapport au travail accompli commet une grave injustice. »
« Le simple accord entre travailleur et employeur sur le montant de la rémunération ne suffit pas à qualifier de « juste » le salaire concordé, car celui-ci « ne doit pas être insuffisant à faire subsister l’ouvrier. »
La situation présente va inexorablement conduire à des changements de culture d’entreprise et fragiliser vos équipes, remettant en cause le principe le plus basique en droit du travail « A travail égal, salaire égal » : des conditions différentes pour les anciens et les nouveaux salariés, une fracture croissante entre personnels de droit privé et de droit public.
Ce risque est patent et va générer tôt ou tard des rancœurs et des conflits. Il sera alors trop tard pour vous souvenir que vous payez des cotisations auprès de représentants nationaux qui sont responsables de cette situation. Plus question ici de quelque forme de paritarisme…
Notre organisation restera résolument du côté des salariés, et sera prête à signer des accords d’entreprises progressistes ne pouvant être inférieurs aux anciens textes conventionnels.
Que Dieu pardonne à ceux qui ne savent pas ce qu’ils font.[3]
Pour le SNEIP dans sa composante agricole,
Montreuil, le 20 juin 2022
[1] Librement inspiré de la formation IFEAP : [Conv collective] Module 4 : Négocier dans un cadre éthique en référence à l’Evangile
[2] https://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/justpeace/documents/rc_pc_justpeace_doc_20060526_compendio-dott-soc_fr.html
[3] Le CNEAP cherche à justifier l’arbitraire. Avec la mort annoncée de la convention collective, il aurait pu utiliser l’expression « Tuez-les tous. Dieu reconnaîtra les siens ! », attribuée à Arnaud Amaury, abbé de Cîteaux et légat du Pape Innocent III, lors de la prise de Béziers en 1209. À cette époque, le pape avait décidé d’éliminer les Cathares en raison de leurs pratiques religieuses non conformes à celles de l’Église catholique. Même si elle est rattachée à un épisode peu glorieux de l’Histoire, la formule à l’emporte-pièce a encore un certain succès, puisqu’on l’emploie toujours face à des actions violentes menées sans discernement. Aujourd’hui évincée du débat, est-ce la CGT qui est considérée comme hérétique ? 

 

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