Agri-Souffrance au travail : voyage en dystopie

Ce fut, il y a quelques années. Immersion en terre d’ignorance. Mutation.
Quelques jours avant la rentrée, un petit message tendre. Une deuxième
matière, en prime sur l’emploi du temps. Vous avez quatre jours pour vous
initier.
Emploi du temps: des initiales de noms, des salles. Les matières n’apparaissent
pas. Obscur. Pas d’emploi du temps général des classes accessible. Plus
qu’obscur.
Géographie des lieux: Aucun endroit ne permet l’intimité. Une sorte de
panoptique.
Vie scolaire: Les élèves sont maîtres à bord. L’équipe enseignante est, en gros,
scindée en trois. Les profiteurs chefaillons, les dociles, les rebelles harcelés.
Obligation pour les enseignants (pas tous, bien sûr) de surveiller des devoirs, en
plus des heures contrat. Les classes sont toutes regroupées. Un enseignant
chapeaute, comme il peut.
Certains surveillants ont la possibilité de donner des cours. Détournement de
DGH. Et, vas-y que je t’embrouille.
Les rebelles ne peuvent sanctionner un élève. Le CPE livre les billets sésames
de sanction aux deux premières catégories de profs. Les non-dociles ne peuvent
quasi faire cours, avec certaines classes. Les insultes fusent. Si tu souhaites t’en
sortir, coule-toi dans le moule et soumets-toi. Sinon, tu vas souffrir.
L’humiliation te guette, à tous les carrefours.
Une enseignante subit la présence du chef d’établissement, dans son cours,
quand il n’a rien d’autre à faire. Elle s’est, antérieurement, plainte de propos
racistes d’élèves, auprès de la direction. Elle est considérée comme responsable
d’avoir abordé dans son cours une thématique qui pouvait leur donner envie de
proférer des insultes racistes. Les élèves ne sont pas inquiétés. Elle doit,
toutefois, tronquer une partie du programme et a pour interdiction de dire quoi
que ce soit qui puisse réveiller la bête.
Pour ce faire, elle doit enregistrer ses cours et remettre l’enregistrement au
chef d’établissement, à chaque fin de semaine.
Voyage en terre de folie. Un lycée quitté. Ce qui rongeait souterrainement,
grignotait de jour en jour, envahissait l’être, volait le sommeil, la joie de vivre
portait un nom, le harcèlement dont faisait l’objet une partie de l’équipe
enseignante.
Le chef d’établissement a été muté.
Toute ressemblance avec une situation réelle serait, bien sûr, fortuite.
Une prof non virtuelle
https://cgt-ep.reference-syndicale.fr/files/2021/10/Voyage-en-dystopie.pdf
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