CCMMEP : déclaration liminaire du 15 octobre 2019

Fatigue : c’est le mot le plus utilisé dans les salles des profs. Il a commencé à surgir à peine 3 semaines après la rentrée, à la surprise de beaucoup de collègues notamment les plus endurci.es.

« Tu te rends compte, en bon prof, d’habitude je suis malade pendant les congés… ben cette année bing, 15 jours avant les vacances de Toussaint. »

Inquiétant à quelques semaines des vacances d’été.
Inquiétant parce que cette simple anecdote fait partie de la longue liste d’indices révélateurs de la dégradation de nos métiers d’enseignant.es.
Inquiétant parce que les interventions de notre administration sont totalement décalées par rapport aux besoins des personnels.

Les annonces de ces derniers jours ?

24 septembre : Jean-Michel Blanquer trouve « regrettable » l’affiche de la FCPE présentant une mère voilée accompagnant une sortie scolaire.
13 octobre : Jean-Michel Blanquer juge que les petits garçons qui ne donnent pas la main aux petites filles sont en voie de radicalisation. Il annonce que le Ministère va publier « les chiffres de la violence scolaire département par département ».
14 octobre : Jean-Michel Blanquer juge que le voile islamique n’est « pas souhaitable dans notre société »

Autant d’interventions qui – à n’en pas douter – renforcent la cohésion de la société, apportent des solutions concrètes et de qualité aux enseignant.es, aux élèves et à leurs parents.

En fait, c’est tout le contraire. Ces interventions sont anxiogènes, renforcent les stéréotypes et ne construisent aucune réponse durable aux problèmes de l’Éducation nationale. En lieu et place d’une École de la Confiance, c’est bien une École de la Méfiance voire de la Défiance qui nous est servie.

Défiance pour le Service Public, celui d’Éducation nationale inexorablement rongé par les ruissellements insidieux des réformes R.G.P.P. et autre M.A.P.
La privatisation de l’Éducation est en cours ; peu importe qu’elle renforce les inégalités.
Gageons qu’on pourra compter sur la bénédiction des cartables – en cours chaque rentrée dans certains établissements catholiques – pour lisser les inégalités et soutenir les plus faibles.

Mais revenons à la fatigue des enseignant.es : ce ne sont pas les jeunes lycée.nes violents et radicalisés qui nous épuisent.

Ce sont les vacances passées à inventer des solutions pour mettre en œuvre les nouvelles réformes, s’approprier les nouveaux programmes qui entrainent un épuisement prématuré.
C’est la mise en place, dans l’urgence, au pas de charge et sans consultations de ces réformes   qui place l’ensemble des équipes dans l’incertitude et la fébrilité. Ainsi, la note de service sur les E3C vient de paraitre pour une application immédiate.
C’est l’absence de formation adaptée – l’absence de formation tout court – qui a conduit à l’épuisement des équipes dès le début de cette année.

Comment s’étonner dans ce contexte du suicide de collègues enseignant.es ou directeur.rices d’école ?
Comment s’étonner que le CHSCT ministériel demande l’abandon de la réforme du lycée professionnel, pour cause de risques psychosociaux ?

Le Ministère de l’Education nationale a mis en place des Comités de suivi…
Blanquer veut publier les chiffres de la violence à l’école…

A quand un Comité de suivi et une cartographie de la violence institutionnelle ?

A quand des moyens humains et financiers pour l’Éducation nationale ?
A quand des avancées progressistes via un dialogue social nourri entre organisations syndicales et Ministère ?

Aujourd’hui, l’ordre du jour du CCMMEP porte sur 5 points : 4 commencent par le terme « Information » (d’ailleurs aurions souhaité disposer des texte pour préparer la réunion) le 5e demande notre avis sur « les conditions de cessation d’activité de certains maitres de l’Enseignement privé de Polynésie française ». Loin de nous l’idée d’oublier ces maitres mais il nous semble qu’il y a d’autres urgences.

La solution réside-t-elle dans la mise place des comités de suivi : la CGT pense que non.

Ainsi, après deux réunions, aucune décision n’a été formulée. Les différents acteurs ont quitté la dernière avec pour mission de réfléchir à des propositions concrètes pour le fonctionnement des conseils de classe. Vivement la prochaine réunion, le 11 décembre : date à laquelle nombre de conseils de classe se seront déjà tenus.

Face à cette situation accablante, la CGT Enseignement privé renouvelle ses propositions :

  • Le retrait des réformes en cours dans l’Education nationale
  • De nouveaux programmes créés en lien avec celles et ceux qui sont les mieux placés pour en parler : les enseignant.es
  • De meilleures conditions de travail ainsi qu’un dispositif complet de Santé au Travail
  • De vraies formations, mais pas au détriment de nos congés
  • De meilleurs salaires, mais sans travailler davantage
  • Du travail et un réel plan de résorption de la précarité pour les maitres délégué.es
La déclaration liminaire CGT-EP en version imprimable (PDF)
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